Lorsqu'on a commencé à se purifier, et que l'on commence à se sentir plus fort, plus confiant et plus conscient il faut s'attendre à ce que tout le travail accompli s'écroule comme un château de sable qui, d'un coup de vague, est balayé.

Il faut s'attendre à être réduit à rien, à être impuissant, totalement abandonné, réduit à néant. On se demande où l’on est, ce qui se passe, ne comprenant plus rien.

Quand cela arrive : ne pas bouger, laisser passer sans se révolter, sans s’affliger, sans se laisser aller à la mélancolie, ni même vouloir abandonner le travail, pensant avoir tout perdu.

Ne pas se décourager, ne pas bouger.

Laisser passer comme un nuage.

Savoir que ce n'est qu'un nuage.

Et voir ensuite se découvrir devant les yeux le ciel vaste et calme. Lorsqu'on est joyeux, on se contente de vivre cette joie. On voudrait qu'elle dure tout le temps, qu'elle ne s'arrête jamais. Mais en même temps, c'est comme si on devenait plus superficiel, comme si l'on perdait de la profondeur.

Lorsqu'on est dans la détresse, dans la tristesse, en même temps on se sent chargé de quelque chose de précieux, comme une lumière cachée par l'obscurité.

Lorsqu'on sent cela, il se fait un détachement en soi, une acceptation plus grande de soi et des autres, une compréhension, une compassion. On se sent tellement "rien" dans cette détresse qu'une sorte d'effacement de soi se produit. Une humilité.

Ne pas essayer de changer ce qui est négatif en soi. Juste accepter ce qui apparaît et se découvre. Rester en face. Ne pas bouger. Ne pas fuir. Ne pas vouloir le modifier en quelque chose d'autre, en une image plus acceptable de soi-même qui satisfasse l'égo.

Juste rester en face jusqu'au moment où le changement s'opère. Il n'y a rien d'autre à faire qu'à accepter. L'acceptation est la porte de la transformation.

P. RICHARD – « De l'humain au divin »

Il faut s'attendre à êre balayé comme une feuille morte, à se sentir déposséder de toute force propre, à se sentir comme une pierre tombée irrémédiablement au fond du puits.