Chers lecteurs,

J'ai enfin découvert ma face cachée lors d'un court séjour dans la bibliothèque d'un monastère au milieu de l'automne dernier. Dans cet article, je vous livre aujourd'hui mon rapport d'étonnement sur l'ouvrage de Jean Monbourquette "Apprivoiser son ombre" qui a changé, change et changera beaucoup ma vie...

Puisse-t-il aussi vous apporter la lumière dans vos moments sombres...   

Merci de vos commentaires. Marie-Line

 

" Apprivoiser son ombre " de Jean Monbourquette

1. Conception de l’ombre…ou une idée de la conception jungienne du psychisme

Nous sommes constitués de quatre parties :

  • Le MOI, ou égo, partie consciente du psychisme, comparable à la lumière, produit une aire obscure inconsciente
  • La PERSONA ou égo idéal : partie de l’adaptation au milieu, à ce que les autres attendent de nous
  • L’OMBRE est une métaphore pour décrire le matériau refoulé qui s’est cristallisé dans l’inconscient par souci d’adaptation et pour compenser le développement uni dimensionnel du moi conscient. Comme nous préférons marcher guidés par la lumière, cela nous empêche de voir l’ombre qui nous suit. Les autres la voient ou la perçoivent avant et souvent mieux que nous. Nous refusons même parfois de la voir. L’ombre grandit à mesure que le jour baisse, on la retrouve la nuit qui se faufile dans nos rêves. Nous avons tenté toute la journée de la dissimuler pour sauver la face.
  • Le SOI, le vrai soi, le centre du psychisme…. inconscient et conscient.
Ainsi l’égo est l’endroit conscient de la personne, l’ombre est l’envers inconscient

2. De la persona à la formation de l’Ombre

La persona signifie le moi social ou égo-idéal résultant des efforts d’adaptation déployés pour se conformer aux normes sociales, morales et éducationnelles de son milieu. La persona rejette dans l’ombre tous les éléments – émotions, traits de caractère, talents, attitudes jugés inacceptables aux gens importants de notre entourage. Le danger c’est qu’elle devienne un " faux moi " (Winnicot).

La persona se développe dans la relation primaire avec la mère. Si l’enfant subit trop de frustration, son adaptation au monde se fera sur le mode défensif : la persona est alors une armure. Il ne s’adaptera pas au monde d’une façon normale mais s’en protègera comme d’un monde hostile.

Ainsi dans l’ombre se retrouvent nos blessures d’enfant, nos peurs, nos frustrations, nos refoulements pour donner à voir ….une image plus conforme.

Le Moi est écartelé entre la persona et l’ombre. En se développant, la persona risque d’empêcher la vraie identité de s’affirmer et de garder sa propre originalité. Il faut préserver le développement du moi intime sans sacrifier l’adaptation au milieu social. L’ombre est complexe, formée d’images, de paroles et d’émotions, dissociée du moi conscient et parfois virulente. Les aspects de l’ombre attribués aux autres sont souvent les traces de notre propre ombre. Notre douleur est un moyen de voir notre ombre.

Chez l’enfant, le but est de lui permettre de développer harmonieusement son moi social, sa persona de façon saine et solide … sans créer trop d’ombre. Par exemple : l’empêcher de frapper un de ses camarades mais accepter et reconnaître la légitimité de sa colère afin d’éviter le refoulement indu.

La psychanalyse distingue deux formes d’inhibition :
  • la répression : une inhibition volontaire et consciente d’une émotion ou d’une attitude. Elle ne crée pas d’ombre à proprement parler.
  • le refoulement : un rejet du potentiel psychique dans l’inconscient sans même en avoir conscience.
    • Le premier refoulement survient faute d’occasions favorables à l’apprentissage : (ignorance des éducateurs parentaux, milieu hostile). L’ombre découlant de ce potentiel non exploité aura une allure primitive, inculte mais non agressive avec une ignorance des règles, une forme de naïveté et des évidences élémentaires de la vie en société (lavage des mains, parler et se comporter en société).
    • L’autre refoulement découle d’interdictions sévères de l’entourage. Des interdits ont souvent comme effet de freiner la connaissance et le développement des richesses personnelles. De cela peut découler un certain mimétisme (victime qui devient à son tour bourreau tel l’enfant battu bat souvent à son tour ou encore perversion sexuelle)

Refouler c’est jeter des parties de soi dans l’ombre et s’exposer à un grand vide intérieur puis à la dépression. Ainsi l’énergie psychique emprisonnée dans ce sac d’ombre se vengera, se retournera contre son propriétaire, l’accablera d’obsession ou viendra le poursuivre en se projetant sur des êtres autour de lui, ce qui occasionnera conflits et isolement.
Si l’on désire exploiter nos richesses enfouies dans l’inconscient, gagner plus de bienveillance envers soi puis les autres, développer sagesse et humilité, il sera nécessaire de plonger dans notre part d’ombre avec patience, courage et foi. L’identifier, l’accepter et enfin l’intégrer pour ne plus en souffrir, afin que lorsque l’ombre de l’autre fera écho en nous, nous sachions la regarder sans en souffrir.

3. Travailler son ombre, un devoir pour soi, son entourage et la société

Il est impossible de bien se connaître, de bien s’estimer, de bien entrer en relation avec son entourage sans la connaissance de son ombre.

Ainsi commencer à apprivoiser son ombre permettra à chacun de s’unifier. Si par honte, peur, nous refusons de la regarder, elle forcera un jour la porte d’entrée du conscient qu’elle envahira. Y travailler permettra de grandir psychologiquement, socialement et spirituellement. Les aspects de l’ombre attribués aux autres sont souvent des traces de notre propre ombre.

Accepter son ombre, l’accueillir comme elle est, faire la paix et en faire son ami est la meilleure façon de grandir son estime de soi. Dans le cas contraire elle crée du mal être en forçant la porte du conscient sous forme de projection sur l’autre. Les traits ou qualités que l’on refuse de voir seront attribués aux autres. Soit on idéalise le porteur de ses projections, soit on le méprise. Ainsi l’ombre de chacun se verra profiler sur des êtres qui à ses yeux deviendront fascinants ou menaçants par exemple dans l’amour passionnel ou conflits. Projeter, c’est voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien… et c’est ainsi que naissent des conflits dans les relations…. La projection, comme l’exemple extrême de l’amour passion, est tout aussi destructrice. Ainsi se crée un imbroglio construit par les projections mutuelles des deux adversaires. D’où l’intérêt d’y travailler pour que les relations interpersonnelles et celles des sociétés à plus ou moins grande échelle s’améliorent.

La dichotomie en bien ou en mal de notre société ne peut qu’entraver la formation d’une véritable conscience morale.

Ainsi notre société dualiste est déficiente car elle n’aide pas la personne à découvrir en elle-même les racines du mal et à se donner les moyens de les travailler pour le supprimer. C’est ainsi que se crée le bouc émissaire, cible de projection des autres et des nations, la tête de turc, celui qui est différent, la minorité… juive ou autre.

Deux périodes de la vie sont propices pour explorer son ombre, le début de sa vie spirituelle, (le moment de la construction de son identité personnelle et sociale) et le milieu de vie. Ce sont des moments pour s’inscrire dans la société et définir certains rapports avec les autres.

4. Impasses à éviter

Il existe plusieurs pièges
  • s’identifier à son égo-idéal, à sa persona… (exemple le perfectionniste) … la tension psychique résultante provoquera une grande fatigue, des obsessions, des peurs, préjugés, des écarts compulsifs…. un épuisement psychologique et finalement une dépression… sans parler de la faible estime de soi, raideur de pensée, dogmatisme, anxiété, préjugés, faible créativité, conformisme.
  • s’identifier à son ombre seulement : ex : Dr Jekyll et Mr Hyde
  • s’identifier tantôt à sa persona, tantôt à son ombre … exemple avoir une double vie, l’alcoolique
  • chercher son ombre là où elle n’est pas. " Ce n’est pas en regardant dans la lumière qu’on devient lumineux mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable donc impopulaire " Carl Gustav Jung.
  • se concentrer sur l’ombre des autres sans y voir la sienne

5. Comment y travailler

On peut s’aider de l’ombre que l’on pense voir chez l’autre ou de ce qui nous touche pour découvrir son ombre.

Reprenons les 4 étapes de la conscientisation :
  • ressentir la part d’ombre qui nous appartient. Il faut du courage, du temps. Cela fait grandir en nous la sagesse, l’humilité.
  • Identifier, mettre en mot son ombre, pas facile !
  • Accueillir, Accepter son ombre avec humilité, bienveillance, c’est grandir son estime de soi. C’est s’ajuster dans une nouvelle dimension de conscience après avoir ressenti les noirs extrêmes. C’est un lever de rideau qui se fait en soi…...
  • Une fois accueillie, acceptée, le nouvel être moral, assume avec responsabilité et ainsi se retrouve une vie morale cohérente. Cette réintégration est la transformation de l’être en profondeur.
L’affrontement de la persona et de l’ombre peut être difficile à vivre aussi il est important de veiller à ne pas donner libre cours à l’un et refouler l’autre… accepter, accueillir évite tant le défoulement que le refoulement : Accueillir en soi avec bienveillance pour apprivoiser, pour s’apprivoiser ! C’est sortir du dualisme.

Pour cela nous pouvons transformer les contradictions en paradoxe, ce qui appartient à la fonction symbolique et permet d’atteindre un état supérieur de conscience. C’est s’abandonner à l’instance psychique supérieure qu’est le Soi… le principe divin présent à l’intérieur de chaque individu (Jung) qui harmonise les éléments psychiques….

Cet être nouveau sera ainsi prêt à sa croissance spirituelle. Un processus d’individuation, une nouvelle organisation interne fait acquérir à cet être une plus grande maturité, une sorte d’harmonie supérieure.

Pour résoudre la tension de l’égo entre la persona et l’ombre, le sacrifice de l’égo se fera par lâcher prise et devra se placer sous la gouvernance du Soi, c’est-à-dire abandonner sa prétention d’être le centre psychique et de vouloir tout gérer de son point de vue. Cette mort symbolique de l’égo donne à l’individu une vision nouvelle, celle du Soi… Se produisent alors de nouvelles synthèses psychique ainsi ….l’amour devient divin, universel, cela par l’union du psychologique et de la religion (religarer = relier) c’est réconcilier les forces psychiques opposées comme féminin masculin, amour puissance, souffrance salut, perte et gain, action méditation, possession pauvreté, liberté de choix et devoir.

Plusieurs symboles (sun bolé = mettre ensemble) suggèrent cette opération d’intégration. Ces symboles religieux que sont la croix, le mandala aux effets thérapeutiques reconnus, la fleur d’or, la mandorle.

La naissance d’une unité nouvelle s’opère dans une libération intérieure et une compréhension élargie du soi, comme un signe avant-coureur de guérison de maladies, de désordres mentaux et de sécheresse spirituelle. Elle acquiert une profonde connaissance d’elle-même et de sa mission dans le monde.

6. Stratégies pour reconnaître son ombre ou s’interroger pour mettre à nu une ou plusieurs de nos facettes


Voir son ombre n’est pas facile, il est cependant possible de la voir apparaître dans nos projections grâce à quelques questions.
  • Chercher les aspects les plus flatteurs de son égo social, ceux que nous aimerions voir reconnus par les autres. ….. Chercher les qualités ou les traits contraires que nous avons du refouler.
  • Chercher les sujets de discussion qui nous avons tendance à éviter dans les conversations.
  • Chercher dans quelles situations nous sentons-nous devenir nerveux, hypersensible, sur la défensive. Quels types de remarques fait réagir. Quelles attitudes des autres nous touchent.
  • Chercher dans quelles situations avons-nous le sentiment d’être inférieur ou de manquer de confiance en nous.
  • Chercher dans quelles situations éprouvons-nous de la honte. Dans quels domaines paniquons nous à l’idée de laisser paraître une faiblesse.
  • Chercher quelles sortes de critique nous agacent.
  • Les interdictions que l’on impose aux autres révèlent souvent plus les résistances de leurs auteurs aux pulsions de leur ombre qu’une saine préoccupation éducative
  • Les blâmes et les critiques que l’on formule sur autrui. C’est de soi-même que l’on parle !!!

Il est également important de voir et de reconnaître l’ombre d’autrui pour éviter de se laisser obscurcir. Si une remarque bouleverse ou irrite quelqu’un, il est probable qu’elle ait accroché une zone ombragée de son être. C’est en quelque sorte aussi la paille observée par le projecteur qui lui fait écho ou encore le crochet grâce auquel la projection a trouvé à s’accrocher.

Attention cependant à ne pas confondre avec la projection de son ombre propre.

7. Reprendre possession de ses projections… ou connaître les qualités et traits de caractères qui manquent à notre développement


La façon de faire ressemble au principe de l’homéopathie par l’exposition à la substance diluée qui était à l’origine des effets.

La théorie de la projection est selon Jung un transfert inconscient (non perçu et involontaire) d’éléments psychiques subjectifs refoulés sur un objet extérieur. Il se produit alors un déplacement du matériau psychique du dedans de soi vers le dehors de soi. Marie-Louise Von Franz précise que l’auteur de la projection reste presque toujours inconscient et de son acte de projeter sur autrui et de ses projections.

L’amour passionnel offre un terrain fertile aux projections…. des qualités souhaitées. Il est plus facile d’épouser un ou une partenaire munie des qualités qu’on désire posséder plutôt que de s’évertuer à les acquérir. Respecter mutuellement la personnalité de l’autre est un défi majeur à relever par tous les conjoints pour faire grandir leur union.

Une observation objective, sans se sentir touché ou affecté par les projections est à distinguer de l’observation déformée par une projection de l’ombre sur autrui et qui énerve.

Robert Bly affirmait l’effet nocif et dangereux pour l’intégrité et pour la vie de la personne devenue l’objet de la projection surtout quand la personne devient le bouc émissaire à persécuter d’un individu ou de la collectivité. D’où la difficulté quand une personne est l’objet d’une projection méprisante. Pensons ainsi au transfert et contre-transfert dans la relation thérapeutique. Marie-Louise Von Franz dit aussi que la personne qui a le malheur d’être la cible du projectile se sentira par la suite plus vulnérable et plus porté à douter d’elle-même, car elle ne sait pas si ces traits sont vraiment les siens d’autant qu’il y a presque toujours un crochet où la projection a trouvé à s’accrocher (la paille).

C’est aussi une bonne façon de se faire des ennemis en leur faisant porter le poids de son ombre. Le jour où les individus et les collectivités prendront conscience de cela et qu’ils apprendront à se réapproprier leurs projections, ils s’enrichiront et verront les autres comme des voisins et non des ennemis.

L’ombre est une réalité fuyante, évanescente et échappe aux prises de conscience mais la fascination ou la répulsion sont constantes et permanentes. C’est plutôt en observant les mouvements de fascination et répulsion que l’ombre sera démasquée : exemple la méprise ou répulsion qu’un conjoint porte à la femme qu’il a choisi qui sait se positionner en s’affirmant alors que lui a la réputation du " bon garçon " ne se mettant jamais en colère parce qu’interdit lorsqu’il était enfant ou encore cette femme qui projette sa peur du médecin et de la maladie et probablement de la mort sur une femme médecin de son entourage amical en lui adressant piques, agressions, réprobations en la qualifiant de malade dès que cette dernière ouvre la bouche. Un autre exemple celui de la fascination de l’adepte d’un groupe religieux sur son gourou et qui ne voit pas ses agissements pervers avec d’autres adeptes.

Projeter sur quelqu’un son ombre équivaut à lui mettre un masque sur le visage puis réagir en fonction de ce masque. Le personnage ainsi crée fascine ou repousse, selon le cas. Il est possible de se réapproprier son ombre et d’en guérir :
  • en acceptant de reconnaître en soi la présence de fascination ou répulsion à l’égard de quelqu’un sur qui l’ombre est projetée …
  • en prenant pleinement conscience que la personne, objet de la projection n’est pas aussi méprisable ou fascinante que l’on croyait. Le doute du " bien-fondé " des préjugés s’installe.
Mais si le projecteur évite ou refuse d’affronter la réalité de son ombre, ou encore s’acharne à maintenir les projections de son ombre sur l’autre, la vie resservira ce qui n’aura pas été géré car il y aura toujours quelqu’un de semblable sur le chemin et il va finir par se sentir diminué, amoindri considérablement avec un état de dépression. Un proverbe allemand dit que l’" on ne peut pas sauter par-dessus son ombre ". Quand on tente de la fuir ou de l’éliminer de sa vie, elle revient avec force par différentes façons : conflits, solitude, anxiété, sentiment de culpabilité, peur, affaiblissement et dépression. Cette dernière conduit souvent le projecteur à prendre conscience de la situation pathologique et à demander de l’aide afin d’en sortir. Elle offrira au projecteur une superbe occasion de se réapproprier son ombre et d’en assumer la responsabilité avec humilité, bienveillance afin de construire une réelle estime de soi permettant une affirmation de soi saine.

L’évitement ou le refus d’affronter la réalité de son ombre peut conduire le projecteur vers une nouvelle étape appelée " vérification du bien-fondé des premiers préjugés ". Le projecteur est prêt à recourir à de faux arguments pour justifier ses jugements qui condamnent. L’exemple de ce conjoint cité plus haut qui " oublie " de marquer l’un ou l’autre des anniversaires importants déclenche chez son épouse une colère pour cette négligence nouvelle.

L’acharnement à maintenir les projections de son ombre sur l’autre va diminuer, amoindrir considérablement car le projecteur sera en quelque sorte privé des qualités attribuées à l’autre dans le cas de la fascination et sera seul et tourmenté comme si sa propre énergie se retournait contre lui, dans le cas contraire. L’exemple du conjoint qui a remis son affirmation de soi à son épouse se défendra de plus en plus mal face à elle et toutes les personnes avec lesquelles il entrera en conflit.

Travailler sur soi donc sur son ombre avec un accompagnant spécialisé permettra au conjoint d’apprivoiser sa peur de la combativité et d’apprendre à s’affirmer. Cette femme apeurée du médecin et de la maladie et très certainement de la mort cessera d’avoir peur pour sa santé, prendra soin d’elle et apprendra à faire face à ses limites avec humilité.

Toutefois, la dénonciation à haute voix des projections malveillantes et malsaines n’est pas sans danger. Le sort de Jésus l’illustre bien.

8. De multiples stratégies pour apprivoiser son ombre


Une fois que l’on a identifié son ombre et que l’on en a pris possession, nous pouvons l’apprivoiser de multiples manières.
  • Dialoguer avec son ombre,
  • Personnaliser son ombre et en faire une amie,
  • Retrouver en soi l’enfant blessé
  • S’identifier à ses projections, exemple : " tout le monde me déteste " transformé en " je déteste tout le monde "
  • Prendre conscience de l’existence en soi des 2 qualités opposées
  • Harmoniser les éléments d’allure contraires de l’égo-idéal (persona) et de l’ombre. C’est chercher à découvrir le " cadeau caché " derrière le trait négatif. Exemple un aspect dominateur d’une personne signifie souvent un désir d’être responsable ou encore un trait d’égoïsme signifie savoir prendre soin de soi. En d’autres termes : posez-vous les questions suivantes " que puis-je apprendre de cette personne qui m’agace ? Aurai-je besoin de ce trait pour contrebalancer un côté excessif de mon tempérament ? ". Ainsi être responsable est une vraie qualité qu’il est intéressant de développer en soi et pour compenser une trop grande générosité, il faudrait mieux davantage penser à soi-même, prendre soin de soi et savoir dire " non " à certaines demandes.
  • Harmoniser la persona et l’ombre à partir de la recherche des symboles (Mario Berta)
  • Dessiner, colorier des mandalas (qui signifient en sanskrit " cercle " et par extension sphère, environnement, communauté). Ils expriment à la fois l’unité et la diversité. La complexité du psychisme s’en trouve représenté : le centre signifiant le Soi. Méditer et dessiner les mandalas contribuent à organiser, unifier la personne et à apaiser les tensions de fragmentation. Ainsi la personne ressent guérison et réunification profonde. Des représentations structurées selon une double symétrie (carré, cercle) peuvent apparaître dans les rêves, fantasmes, dessins etc. Il s'agit de mandalas spontanés, qui selon Carl Gustav Jung, représentent le Soi, archétype de la totalité psychique.

9. Réintégration de l’ombre et développement spirituel


" Il me faut m’accueillir et m’aimer moi-même humblement, mais tout entier, sans restriction, ombres et lumières, douceurs et colères, rires et larmes, humiliations et fiertés, revendiquer tout mon passé, mon passé inavoué, inavouable ". Jacques Leclercq

L’ombre n’est pas synonyme de mal comme le pensait Jung. Par son caractère enfoui, non éduqué, non apprivoisé, elle fait peur car menace les règles sociales et éthiques, mais ne constitue pas véritablement un mal substantiel. C’est justement quand chacun la connaît et la reconnaît en lui qu’elle est moins dangereuse. Son isolement et sa séparation du Soi peut la conduire à agir de façon diabolique (dia bole = séparation). Reconnue, elle s’intègrera et cela grâce aux symboles unificateurs (sun bole = mettre ensemble) du Soi.

Reconnaître les manifestations de son ombre ne signifie pas y obéir… Il ne faut pas confondre le fait de reconnaître, d’accepter une émotion ou une pulsion et passer à l’acte sous sa poussée. Ressentir des émotions et des pulsions sont des données physiologiques. Ne pas en connaître l’existence, ne pas en prendre conscience, ne pas en assumer la responsabilité serait nuire à sa santé mentale. Quand on les nie, on les refoule… Elles pourront devenir des obsessions que l’on pourra projeter sur les autres. Mais quand on les connaît et les accepte sans pourtant passer à l’acte alors l’équilibre se crée antre l’ombre et la persona.

La connaissance et l’estime de soi sont essentielles au développement de l’être…. Lorsqu'on est dans la détresse, dans la tristesse, dans la rencontre avec son ombre, notre lumière est cachée par l'obscurité. Il se fait un détachement en soi, une acceptation plus grande de soi et des autres, une compréhension, une compassion. On se sent tellement "rien" dans cette détresse qu'une sorte d'effacement de soi se produit. Une humilité, cette humilité nécessaire pour la reconnaissance et l’acceptation totale de soi et de son ombre.

Ainsi le travail de cette partie de l’être permet d’adopter une perspective holistique et non dualiste du réel. La réalisation progressive du Soi produit la réintégration de l’ombre, en s’opposant aux visions et ambitions de l’égo.

Tout accompagnant doit avoir fait un travail sur son ombre pour éviter de projeter ses propres déficiences.

On ne peut changer à l’intérieur de soi que ce que l’on a d’abord effectivement accepté. Ces parties de soi, aussi pauvres, peu acceptables soient elles, laisseront voir leur richesse à condition de les accepter avec intelligence, amour et patience.

Depuis Carl Jung, la psychologie admet de plus en plus l’existence d’une composante spirituelle de l’être humain qu’il nommait le Soi et qui a reçu divers appellations : le centre, l’âme, le moi profond. Le Soi recèle quelque chose de divin faisant de nous un être sacré, unique. Cela n’a rien à voir avec l’existence d’un Etre divin ou de Dieu que certains ont voulu attribuer aux recherches de Jung.

Le travail sur son ombre ne semble jamais terminé…ainsi l’acceptation doit se poursuivre avec l’acceptation de l’anima pour les hommes et de l’animus pour les femmes. Cette composante féminine chez l’homme et masculine chez la femme fait de nous des êtres complets et plus compatibles à l’autre. Cette composante donne à l’homme une sensibilité qui lui permet d’être touché par l’autre. Elle donne à la femme la force, le courage, les opinions.

En conclusion


Il n’est pas nécessaire de changer ce qui est négatif en soi, mais juste accepter ce qui apparaît et se découvre. " Rester en face, sans bouger, sans fuir, sans vouloir le modifier en quelque chose d'autre, en une image plus acceptable de soi-même qui satisfasse l'égo ". Il faut juste rester face à notre ombre jusqu'au moment où le changement s'opère. Il n'y a rien d'autre à faire qu'à accepter. Et cette acceptation est la porte de la transformation. Extrait de" De l’humain au divin " de P.Richard.

Ce travail de conscientisation par les 4 étapes du ressenti, d’identification, d’acceptation permet la transformation profonde de l’être en faisant de lui un être unique, un être apaisé, accédant à plus d’hominescence selon le terme de Michel Serres. Cette aventure parfois difficile, fait croître en lui le processus d’individuation.

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