Vers une médecine du corps et de l'esprit
Cette semaine j'ai assisté à la conférence de Thierry Janssen, un confrère qui comme moi remet en question cette médecine réductionniste et compartimentée ou morcelée qui a permis certes de faire de grands progrès mais aussi de déclencher une véritable crise. Comme moi, il observe l'être humain qui le consulte dans sa globalité. Oui un être humain pense, ressent et s'émeut et a des croyances. Je me sens tellement en phase avec ce qu'il dit et écrit. Son discours a conforté ma pensée et ma fonction de thérapeute. En voici mes commentaires------
La médecine qui fait le lien entre le corps et l'esprit s'appelle la médecine psychoneuro-endocrino-immunologique. Elle est en train de naître, mais surtout de confirmer des hypothèses. Elle permet la vision horizontale de l'être humain plutôt que verticale. Il est prouvé aujourd'hui (Richard Davidson- université de madison -Winconsin USA) que les émotions sont gérées par le cerveau. Le cortex préfrontal gauche s'active quand une émotion positive survient. Le cortex préfontal droit s'active lors d'une émotion négative ou désagréable et active le système nerveux sympathique. A l'inverse lors d'une émotion positive, c'est le système parasympathique de relâchement qui se met en route tout en déclenchant le système de défense immunologique NK envoyant ses gendarmes dans la circulation à la recherche de cellules anormales. Ainsi les gens plutôt optimistes ont de meilleurs défenses immunitaires et vivent plus longemps. Sachant que le stress n'est pas toujours négatif car notre réponse rapide au stress permet de survivre. Les hormones du stress sont l'adrénaline de la glande surrénale qui déclenche la secrétion de cortisol. Les gens soumis à des stress chroniques usent leur organisme à la longue en déclenchant des réactions secondaires : infection, bouton de fièvre etc. 75 à 90 % des maladies sont en lien plus ou moins direct avec le stress. Attention au réductionnisme, le stress n'est pas le seul en cause... Ces maladies sont le résultat d'un déséquilibre plus général d'ordre alimentaire, environnemental, héréditaire, exposition au stress chronique. (exemple de l'ulcère de l'estomac- telomères abîmés des chromosomes de femmes stressées porteuses de cancers, donc d'efficacité moindre dans les mécanismes de réparation).
La culpabilité est forte dans notre culture, sans doute d'avoir croqué la pomme ! Même si nous n'avons pas choisi une vie trépidante, il y a des facteurs stressants indépendants de notre volonté. Mais libre à chacun de se positionner en victime. Entre les 2, nous sommes responsable de la façon dont on regarde les choses. Blaise Pascal disait : "De notre façon de regarder le monde, notre vie en dépend."
La pratique de la méditation permet de mieux gérer les émotions négatives et augmente les performances spirituelles.
L'émotion positive propose un avantage, l'émotion négative permet la survie mais on peut en mourir. Ainsi le corps influence la pensée et inversement. L'émotion qui signifie mettre en mouvement, se vit aussi dans notre corps. Il se raidit, se contracte... il souffre. Ce corps dit quelque chose. A nous de l'entendre et de le comprendre. 1 personne sur 7 plus souvent des hommes semble-t-il, souffre d'alexithymie, difficulté à mettre des mots sur son émotion. Ainsi se produit un enfermement par incapacité à communiquer avec l'extérieur. Le corps, le soma se manifestera par un ulcère, de l'eczéma, de l'arthrose etc.
Beaucoup d'émotions primaires comme la peur, la tristesse, la colère, émotion plutôt secondaire quand la tristesse et la peur ne sont pas reconnues, expriment un BE-SOIN. Quand par exemple quelqu'un vous marche sur le pied, 3 solutions : frapper l'autre, dire "non, ça ne me fait pas mal" (!) dire "tu enlèves ton pied qui est sur le mien". La peur de... perdre le contrôle, peur de ne pas être adéquat, peur d'être différent... la colère "contenue", fait grossir...on garde sa dignité pense-t-on, sa liberté, mais on mange en cachette... de soi. Et le "je prends sur moi" que j'entends si souvent dans mes consultations de médecin nutritionniste en dit long....
Il est nécessaire donc de travailler sur le corps et sur l'esprit en même temps à titre curatif (maladie déclarée) et préventif. Un travail sur le corps par nombreuses techniques comme le massage, la chiropraxie, l'ostéopathie, la fasciathérapie qui travaille plutôt au niveau du tissu conjonctif qui est une autre voie de conduction. Le toucher est un sens.
En conclusion : La médecine d'aujourd'hui a perdu le lien entre les soignants et les soignés. Il faut réapprendre à guérir par la présence. Toutes les rencontres dépendent de la qualité de la présence des êtres - thérapeutes. Travaillons sur la cohérence de notre acte thérapeutique. Newton a dit : "L'homme construit trop de murs pas assez de pont."
Quelques mots clefs : corps et esprit, et, lien, conscience, présence, méditation, émotion positive
| Avant | 01/04/2007 16:21 | Après | Médecine | 3 commentaires | Lu 5019 fois |
par Marie Rivière, le Lundi 26 Mai 2008, 10:58
Merci de nous faire partager la richesse de votre expérience et de vos réflexions.Répondre à ce commentaire
Je suis Fascia et tous les jours je peux vérifier que nos tissus sont le siège d'une mémoire émotionnelle, véritable calendrier des compensations accumulées au cours du temps.
Commentaires
1 - Vers une médecine du corps et de l'espritpar Michèle, le Jeudi 12 Avril 2007, 11:54 Répondre à ce commentaire