Adjedje : 3 voyelles, 2 identiques ; 4 consonnes, 2 paires identiques

Adjedje, consonance douce et dynamique, 2 syllabes identiques comme une répétition nécessaire, nécessaire à quoi ?

 

L’adjedje a attiré mon attention sur le chemin car ce jour là nous marchions le nez par terre en quête, en quête d’objets à observer, à dessiner, à commenter. Parmi les cailloux, les brindilles et les coques sèches d’arlachem, j’ai choisi de vous raconter l’adjedje. L’adjedje est une plante rase des oueds qui donne à maturité une gousse contenant quelques graines. Celle qui a retenu mon regard est une gousse en forme d’oiseau sans pattes avec un bec pour picorer ça et là les graines nécessaires à sa subsistance. Ces graines peuvent rester ainsi dans leur gousse en attente jusqu’à ce que le soleil et les vents aient complètement achevé leur dessèchement, pour les libérer par décollement des deux feuillets de protection. L’attente commence et l’on ne sait de combien. Cette attente nécessaire, parfois même de quelques années s’appelle la dormance. La dormance, c’est le temps du repos, le temps de sécher, le temps du transport vers un ailleurs par les vents, les oiseaux… le temps de s’éparpiller ça et là, le temps indispensable à ces petites graines pour rassembler toutes les conditions à leur germination. C’est comme ça. Attendre et attendre. Donner le temps au temps pour donner la vie de nouveau.

 

Cela me fait penser à des parents et à leur petit, à ce petit devenu grand comme l’oiseau s’envolant du nid, séparant, dans l’attente et la confiance en leurs graines semées, accueillant dans une grande révérence la renaissance de la dormance acceptée.

 

Ainsi se perpétuent la vie, les savoir faire, et les traditions depuis des millénaires.

 

 


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