Le couple...
Bonjour,
Voici le résumé de la conférence de mon confrère Gérard Leleu donnée à Nantes le 28 novembre 2008. Que ce texte puisse vous être utile pour vous et votre couple. Ce que j'en retiens surtout c'est de communiquer, en se donnant des vrais moments de rencontre pour parler ensemble de son couple.
Voici le résumé de la conférence de mon confrère Gérard Leleu donnée à Nantes le 28 novembre 2008. Que ce texte puisse vous être utile pour vous et votre couple. Ce que j'en retiens surtout c'est de communiquer, en se donnant des vrais moments de rencontre pour parler ensemble de son couple.
Le couple, les chemins de l’amour
Dr Gérard Leleu
le 29/11/08
Le couple est le plus grand des bonheurs et parfois la plus grande des souffrances avec des somatisations pouvant aller jusqu’au cancer. Aimer a donc une incidence économique.
Un couple évolue en 3 phases :
- Phase de début euphorique
- Phase de crise au bout de 3 ans plutôt que 7 à laquelle il y a 3 issues
o Séparation parfois trop vite avec d’autres couples successifs comme une sorte de consommation
o On reste malgré les souffrances en concession à perpétuité ! et l’on se met dans une situation de condamné de drap commun ! Qu'est ce qui pousse à rester dans un couple sans joie ? La peur de la solitude, un bénéfice névrotique inconscient d'un des partenaires ou des 2.
o Entrer dans l’amour véritable
- Phase de l’Amour véritable
o Accepter la fin des illusions
o Se changer soi, pas l’autre
o Changer la relation
1) Phase de début euphorique de l’amour exceptionnel
Etat de grâce, de conscience supérieure, d’hypervivance, d’hypersensitivité, sentiment de félicité, d’accomplissement dans le « j’aime tout le monde » et cela lui fait du bien car l’humain est un être blessé qui a été arraché à sa mère, à son ventre, à son sein. Il est un et rayonne.
C’est à la fois une réalité et une illusion.
Une réalité car c’est un cadeau du ciel, magique, d’ordre divin, Dieu est en chacun. C’est la réunion des parts divines de chacun. Jung dit que chacun exprime et révèle sa part de lumière et chacun voit la part de lumière de l’autre. Cette rencontre révèle la part céleste en soi. (cf. livre de Jacqueline Kélen : Un amour infini).
Mais notre part d’ombre nous rattrape et offusque notre part de lumière. L’illusion se démasque. L’illusion se situe sur 3 niveaux dont l’idéalisation, l’identification et la fusion.
- L’idéalisation comme jeu de clivage et de projection : On projette sur notre partenaire le portrait robot de notre partenaire idéal. On se montre sous son meilleur jour. C’est la rencontre de 2 personas donc pas réel.
- L’identification ou la gemmellisation. « On est pareil » basé sur une croyance que pour s’aimer il faut être semblable, se ressembler. On copie ses goûts, on renonce à imposer nos différences. Sorte de « faux jumeaux ».
- La fusion : Toi + Moi = Un. On fait tout ensemble à travers l’autre.
2) La crise
3 ans plutôt que 7 avec le rythme de vie d’aujourd’hui. La vie quotidienne abaisse les masques. Chacun se montre sous son vrai jour. Les 3 processus fantasmatiques volent en éclat et c’est la déception, la déroute. Qui est-il ? Qui est-elle ? C’est la fin de la fusion qui étouffait.
3 issues possible dont la séparation ou la poursuite avec souffrance ou
3) L’amour véritable
C’est l’amour inconditionnel, le « Je t’aime ! » ou plutôt le "Je aime Toi" !!
- Accepter la fin de l’illusion. En sortir car c’est du fictif, un mythe du besoin. L’amour véritable se construit avec des êtres vrais, en laissant voir ses défauts. Et là, c’est accepter l’autre tel qu’il est. Surtout ne pas cacher ses défauts !
o Renoncer à la gemmellisation qui épuise la relation. L’amour circule quand il y a des différences, des différences de personnalité avec des parts de mystère. Ce sont les différences qui attirent. L’altérité nourrit l’amour. Il faut du courage.
o Sortir de la fusion car l’un des 2 devient dominant, souvent le plus agressif. Il parle au nom du « nous » et dit « je ». C’est l’absence de concertation. A ce moment, il est urgent de redevenir des entités différentes par l’autonomie et la concertation pour les décisions qui impliquent le couple.
- Se changer soi, pas l’autre. On ne peut pas changer l’autre. Il change que s’il le veut bien. Si on ne change pas, on change de partenaire tous les 3 ans, 7 ans, 10 ans etc. ! Le « Connais toi, toi-même » de Socrate est un travail sur soi et donne l’occasion de progresser et de se mettre face à ses difficultés d’enfant. La rencontre remet en cause nos comportements et nous questionne sur notre vie, nos sensibilités car rouvre nos blessures d’enfant.
Le couple est un véritable chemin initiatique. Il nous apprend sur nous, sur l’autre et sur l’amour. C’est un chemin de conscience, un état créateur de vie qui se fait jour mais notre inconscient peut le manipuler.
Il existe en occident le mythe de l’âme sœur, sorte de prédestination qui ferait que nous n’aurions rien à faire, mais il y a un véritable travail à faire sur soi pour vivre et pour être en couple.
o Sortir du besoin d’être aimé.
Ce besoin obsessionnel, absolu relève de l’égo, et rend inapte à aimer, car l’on pense qu’à recevoir, on demande, on mendie l’amour. C’est le « si on m’aime, je peux aimer » : Sorte de besoin de réassurance. Il y a dans les antécédents des sentiments d’abandon et quand c’est l’homme qui l’a vécu, il va chercher une femme ou un substitut maternel pour le dorloter, le materner….
jusqu’au jour où la femme ou une autre qui veut un homme à ses côtés lui dira « je ne suis pas ta mère ». C’est aussi le cas des filles dont les pères étaient absents physiquement et/ou psychologiquement. Statistiquement, les femmes souffrent plus d’une difficulté d’autonomie et les hommes d’abandon.
L’amour véritable est un DON, un dépassement de l’égo. Il faut en finir avec la flatterie des média, films etc. qui suggèrent que tout est facile. La cause est un manque d’amour de soi. Donc travail de l’estime de soi, aller vers un plus grand respect de soi et sortir des blessures d’enfant, des erreurs parentales. Dans l’enfance on demande et on reçoit. L’enfant est un tyran d’amour car parfois mais pas toujours, peu de choses l'ont blessé (exemple : quand papa et maman étaient sortis, un soir et que la babysitter était occupée avec son téléphone portable ! l'enfant a besoin de ses parents pour vivre et survivre)… Ces traumatismes d'abandon réel ou peur d'abandon restent dans l’inconscient pour qui le temps n’existe pas. Et l’évènement de la petite enfance se réactualise par des situations qui rappellent le traumatisme d’un soir. Et cela donne des problèmes dans le couple. Il n’y a pas de véritables problèmes de couple mais des problèmes individuels qui s’expriment et se ravivent à l’occasion du couple. La blessure est parfois disproportionnée et mène au conflit puis à la violence conjugale. Notre devoir est de s’occuper de son enfant blessé en étant une bonne mère ou un bon père pour soi.
o Se responsabiliser de nos actes et nos décisions. Ne pas les mettre sur le compte de l’autre. Nous sommes chacun responsable de la relation et de nos émotions, c'est-à-dire de la façon dont on reçoit de l’autre. Notre souffrance vient de notre enfance. L’autre n’est qu’un épiphénomène, un figurant sur le théâtre de notre conscient. C’est en quelque sorte une immaturité du conscient et ça se voit à tous âges et dans tous les milieux sociaux.
o Accepter nos 2 pôles féminin/masculin, animus/anima, yin/yang. Les hommes développent leur anima et les femmes leur animus et deviennent des amazones en copiant le monde masculin de l’argent et de la guerre, sorte de révolte contre la répression du patriarcat. Cela ne change rien à notre société. Au contraire, elle doit apporter son génie propre. Le matriarcat dans lequel les femmes étaient toutes des déesses. On adorait la déesse mère qui donnait la vie et qui tout en fascinant faisait peur aux hommes. Ainsi cette peur a conduit l’homme à la domination, au patriarcat en asservissant la femme. Aujourd’hui les hommes savent qu’ils en ont aussi été des victimes (pour exemples : les guerres fratricides). Aujourd’hui les hommes changent et c’est bien. Il est temps de remettre de l’équilibre dans les rapports entre hommes et femmes… Chaque pôle doit être en équilibre.
- Transformer la relation
o Sortir de la dépendance de l’état amoureux du début, comme si son bonheur dépendait de l’autre comme une addiction. Un bon couple c’est quand chacun est heureux seul et quand ils sont ensemble. C’est le must sans être un accessoire. L’autonomie est différente de l’indépendance. Un couple c’est un toit commun dans lequel il y a co-création ou projet commun comme enfant, maison, partage et lieu avec des séquences de fusion comme faire l’amour et un secteur individuel dans lequel chacun continue d’exister, de penser, de faire en dehors du couple, c’est avoir du temps pour soi, un lieu à soi dans la maison (même un bureau avec un lit pour y dormir parfois !). Ceci est bon pour le couple car il aura des choses à se raconter. Cela s’oppose à l’usure du couple. Quand on connaît trop l’autre, on perd le mystère par lequel circule l’amour. Mais quand il n'y a pas de commun, quand on ne vit pas ensemble on apprend à vivre sans l'autre et ça ce n'est pas bon pour le "nous" qu'est le couple, .
o Sortir de la possessivité. Aimer c’est aimer la liberté de l’autre qui se positionne dans le couple sans effort. L’amour véritable s’équilibre autour de la liberté et de l’appartenance. L’amour véritable c’est s’impliquer à fond dans la relation, c’est donner du temps à la relation. La possessivité s’estompe quand chacun s’implique avec justesse dans la relation et donne du temps à la relation. Mais à l’inverse, à ne pas être suffisamment ensemble, on apprend à vivre sans l’autre et là il n’y a plus de couple.
o Sortir du sentimentalisme hypertrophié en occident réduisant l’amour à un sentiment romantique. Un sentiment donne une fragilité à l’union. Le sentiment sera nourri par la bonne relation par l’attention privilégiée à l’autre, la tendresse, l’écoute, la compréhension, la communication, l’échange. Communiquer c’est dire, écouter et mettre en commun. Ecouter n’est pas répliqué car il n’y a plus de dialogue. C’est parfois accepter une critique et dire je vais y réfléchir car celui en qui on a confiance et qui a émis une critique a peut-être un peu raison. C’est pour la qualité de la relation que l’on reste ensemble à long terme. Il faut aimer la relation dont on est l’acteur et l’artisan.
Réponses aux questions de la salle
Et la fidélité dans le couple ?
La nouvelle fidélité du couple d'aujourd'hui est une fidélité d’engagement et de choix et non plus de contrainte comme autrefois. Le mariage a été inventé au 13ème siècle par l’église qui exerçait un véritable pouvoir sur la société et défendait le patrimoine pour que l’homme soit sûr que les enfants qu’il aura seront bien de lui pour le suivi de son patrimoine. Avant on vivait en concubinage, les religieux aussi. Ils avaient des enfants. L’acte sexuel même pour la procréation a été considéré comme un acte « pas saint ». Le 19ème siècle a été des plus difficiles pour les femmes car il y avait en Europe encore l’excision.
La fidélité d’engagement est une valeur de libération face à sa pulsion d’instinct, valeur de sécurité car un couple ça se bâtit, et permet au sens freudien, la sublimation de toute autre relation en la faisant entrer dans le champ de la relation amicale dans laquelle il n’y a pas de place à l’intimité corporelle. La fidélité a valeur de sacralisation de la sexualité érotique, et prouve à l’autre qu’on l’aime pour ce qu’il ou elle est, parce qu'on l'a choisi elle ou lui et pas un ou une autre. Fidélité comme une offrande d'un privilège. La fidélité c’est dépasser son égo et permet de s’élever pour aller vers quelque chose de plus humain. 70 % des infidélités conduisent au divorce. Il est intéressant de proposer à l’infidèle de chercher le sens de l’amour et de sa vie.
A propos de la sexualité...
La sexualité n’a jamais été en Europe sacralisée comme en orient. Et aujourd’hui il faut la sacraliser. Le plaisir sexuel relevait du péché et comme il n’a jamais été sacré, le sexe est tombé dans le vide, la pornographie et la vulgarité, la pédophilie, la zoophilie. Le drame catastrophique qu’est la chosification du corps de la femme, la mécanisation et la banalisation de l’acte conduit à l’escalade du hard, à l’usure prématurée des couples, à l’infidélité. On observe aujourd’hui une véritable tristesse dans les couples car c’est la performance qui prime sur la qualité et la recherche de la perfection. Les orientaux ont travaillé à la recherche de la perfection avec le tantrisme, le taoïsme (cf l’art d’aimer, l’amant tantrique) où est enseigné à l’homme la maîtrise de son éjaculation pour plus de jouissance, propose autant la recherche de la sensualité, du sens de la relation, de la sacralisation de l’acte avec un semblable (pas un objet) qui a comme nous des rêves, des peurs, des joies…c’est ré humaniser l’acte … dans la transcendance. L’expérience sexuelle a quelque chose de transcendant. L’orgasme que l’on devrait appeler plutôt extase est un état de félicité, une expansion de conscience, un sentiment d’amour océanique, une ouverture à l’appartenance de la vie. On fait l’amour pas à un corps mais à un visage. Il faut donner beaucoup de temps au couple pour vivre cela.
Aujourd’hui, l’homme n’est plus le chef de famille, ce qui rééquilibre les forces. Il n’y a plus de pouvoir dans le couple au sens juridique du terme.
Y a -t-il des êtres qui ne peuvent pas faire couple ?
Ces humains qui sont dans l’incapacité à faire couple, relèvent d’expériences difficiles, de manque de confiance en soi et les autres, de la peur d’aimer et de se laisser aimer, de cordons ou d’amarres non rompus avec parents ou substituts conduisant à des investissements compensatoires comme le travail, de comportements « adulescents ».
Pour éviter la routine ?
La routine ne s’installera pas s’il y a variété, créativité, qualité de la relation, expression de l’attachement, de la tendresse, du respect de soi et de l'autre et de sa propre dignité … ne pas se négliger … être toujours appétissant ! C’est une bonne façon de montrer aux générations suivantes ce qu’est l’amour, la tendresse. Faire l’amour fait secréter les endorphines et la dopamine, hormone de l’attachement. Faire l’amour est bon pour la santé car donne de l’énergie et baisse le stress, en maîtrisant l’éjaculation l’homme se trouvera moins fatigué (mais ce n’est pas ce qu’il pense). Alors les 2 amants seront comblés et auront envie de rester ensemble et de découvrir la vie ensemble !!
Les couples à distance
Ils sont fréquents aujourd'hui, dûs au travail, mutation de l'un et difficulté pour l'autre à trouver un nouveau job ou aux rencontres par les sites sur le web. La distance relance le désir pendant un temps du fait du manque mais il devient délicat pour les projets communs. Un épuisement fait jour devant la difficulté de la gestion des agendas, de l'absence de partage des petits bonheurs du quotidien, des attentes déçues lorsque le rendez-vous n'est pas à la hauteur des espérances. La séparation physique implique un limitation d'investissement dans les projets de l'autre et empêche d'avancer ensemble. La rencontre avec l'autre se perd ... sur la toile du web ! Cette distance signifie-t-elle une difficulté d'engagement tout en compensant l'échec d'une relation fusionnelle antérieure ? Cette forme de conjugalité peut être et doit rester une ETAPE et non une modalité ou une fin en soi.
L'idéal !
Un habitat commun avec chacun son espace. La double résidence ? Elle a cependant un coût économique !! Dans ce cas, la relation rassemble par défaut deux blessés de la vie qui ne parviennent pas à dépasser leurs blessures et leurs peurs. Et pourtant une des fonctions du couple est de cicatriser les blessures et à faitre grandir.
Mots-clés : couple, amour véritable, altérité, autonomie, responsabilité, fidélité d'engagement et de choix
| Avant | 15/12/2008 07:31 | Après | Psychologie | aucun commentaire | Lu 3380 fois |