Vivre au présent entraîne dans son sillage l'une des choses que la plupart des gens poursuivent toute leur vie : la paix. S'abandonner au moment présent procure un sentiment de calme, de tranquillité physique et mentale et fait taire la petite phrase infernale « je suis ici mais je voudrais être ailleurs ».

Je voudrais qu'on m'explique comment on peut appliquer ça pendant qu'on est écrasé de souffrances et douleurs physiques intenses, longues et durables !

Je ne prendrai qu'un exemple précis, parce que justement il ne m'affecte pas : les névralgies du trijumeau, qu'on appelle "douleur du suicide". Parce qu'effectivement nombre des malheureux qui en sont atteints mettent fin à leurs jours.

Mais j'ai un tas d'autres exemples atroces dans ma besace...

Je lis souvent de ces maximes bien sonnantes, de tel ou telle...
... et je me dis : "Ce sont des phrases de gens bien portant".

Seuls les grands mystiques, rares, arrivent à se complaire dans le moment présent, alors qu'ils sont écrasés de souffrances !

Si vous jouissez pleinement du moment présent, vous n'aurez pas le temps de penser à ce qui sépare la situation réelle de vos attentes à ce sujet. Vous êtes bien trop occupé à vivre la situation pour songer à l'analyser.

J'en témoigne bien volontiers : quand on est broyé par la souffrance, on est bien trop occupé pour analyser quoi que ce soit ; on a besoin de la totalité de ses ressources physiques et mentales pour lutter et survivre. On ne jouit de rien, et surtout pas du moment présent.

Oui, vraiment, il y a de ces maximes qui sont des phrases de bien-portant et qui ont un effet culpabilisant sur ceux qui ne le sont pas.